Les cours de Kora

François Fampou, votre professeur

Musicien passionné et pédagogue expérimenté, François Fampou est un professeur de kora reconnu, enseignant notamment au Conservatoire intercommunal de Saint-Jean-de-Monts. Originaire du Cameroun, il explore la musique africaine avec la conviction qu’elle constitue un formidable vecteur de transmission et d’échange culturel.

Après une carrière en électrotechnique et en informatique, il se tourne vers l’enseignement musical dans les années 1990. Depuis, il transmet avec passion son savoir autour des percussions africaines, de la kora et des musiques du monde, enrichissant ainsi la scène musicale et éducative française.

Également auteur, il a publié plusieurs recueils de poésie jeunesse inspirés de la tradition orale africaine, dont La Langue au ChatParole de Croissance et Voyage au-delà de la tradition. À travers ses livres et ses ateliers, il invite petits et grands à jouer avec les mots et à redécouvrir l’art de la devinette africaine.

Aujourd’hui, il continue d’enseigner et d’animer des rencontres musicales et littéraires, partageant avec enthousiasme son amour de la musique et des mots. 

Rejoignez ses cours de kora et laissez-vous transporter par les sonorités envoûtantes de cet instrument emblématique d’Afrique de l’Ouest.

Interview de François FAMPOU

Un parcours musical entre tradition et modernité

— Bonjour François FAMPOU.

— Bonjour.

— François, peux-tu te présenter succinctement ?

— Eh bien, succinctement, ce sera difficile, mais je vais essayer !

Tout petit, je n’avais pas le droit de pratiquer la musique. Dans mon entourage, on considérait qu’une activité artistique ne pouvait pas nourrir son homme. Il fallait avant tout réussir à l’école. J’ai pu faire un peu de théâtre au collège, mais rien de plus.

Un jour, en me promenant parmi les bouquinistes de Douala, je tombe sur une revue française où l’on voit une belle salade composée. Instinctivement, je dis à mes amis : “Ce plat sent bon !” Tout le monde rit, sauf un metteur en scène qui m’interpelle. Il me demande mon âge, mon collège, et me dit qu’avec un meilleur niveau en anglais, il m’aurait embarqué dans une troupe de théâtre.

Plus tard, quand j’ai eu l’opportunité de venir en Europe pour mes études, je me suis dit : “Et la musique, où est-elle ?” Cette fois, plus personne ne pouvait m’en empêcher. J’ai commencé par la batterie et les percussions, avec un professeur diplômé, DANTE AGOSTINI, jusqu’à intégrer le conservatoire de Nantes. On m’a alors expliqué que l’école était réservée aux enfants, mais que, en tant qu’adulte, je pouvais suivre la formation musicale.

J’ai donc appris la théorie avant de me perfectionner en percussion. De fil en aiguille, un professeur de la région nantaise, qui dirigeait la fanfare où je jouais, m’a proposé de rejoindre l’orchestre la PHILHAR de Nantes. J’ai accepté, mais le jour de la répétition, j’étais en retard. En entendant l’orchestre jouer de l’extérieur, j’ai eu honte et je suis rentré chez moi. Une semaine plus tard, mon ami me relance : “Tu aurais dû entrer ! La semaine prochaine, tu ne rates pas.”

J’ai suivi son conseil et j’ai joué cinq ans avec l’orchestre qui porte aujourd’hui le nom de Nantes Philharmonie avant de me consacrer à d’autres projets.

— Et c’est à ce moment-là que tu découvres la kora ?

— Exactement.

Un jour, je tombe sur un CD dans un magasin de musique nantais. Il s’intitule Chants du Sénégal accompagnés à la kora. Je ne sais pas pourquoi, mais je l’achète. Chez moi, en l’écoutant, c’est une révélation : ce son est lumineux !

Je me renseigne et apprends que la kora est un instrument traditionnel, joué autant par des griots africains que les moines bénédictins européens. On me conseille d’acheter mon instrument à un dépositaire de koras du monastère sénégalais basé au Mans. Je commande ma kora, et lorsqu’elle arrive, on me dit qu’une session de formation se tient dans une abbaye en Normandie.

Je participe pendant plusieurs années à des sessions auprès d’un moine passionné. Peu à peu, la kora devient mon instrument principal.

— Et comment es-tu devenu professeur de kora ?

— Ça s’est fait par hasard !

Le conservatoire de Saint-Jean-de-Monts m’a proposé d’enseigner la kora, mais j’ai décliné, pensant ne pas être prêt. Puis, un jour, un homme déposant son enfant à un cours de guitare demande s’il existe des cours de kora.

La secrétaire me sollicite et, bien que j’aie refusé un an auparavant, je me vois mal dire non à quelqu’un qui veut apprendre. J’accepte. C’est ainsi que j’ai eu mon premier élève et que les cours de kora ont démarré.

— Tu parles souvent de “kora contemporaine”. Peux-tu nous expliquer cette notion ?

— J’ai moi-même initié ce terme.

Lors d’un passage au conservatoire de Dakar, j’en ai discuté avec le directeur qui, après réflexion, a validé cette appellation.

La kora contemporaine se distingue par trois aspects :

1. Aspect matériel : Elle est équipée de clés d’accordage et quelquefois de demi-tons, ce qui la rend plus stable que la kora traditionnelle.

2. Son répertoire : Grâce aux partitions écrites par des compositeurs, elle s’émancipe de la transmission uniquement orale.

3. La philosophie de l’écriture : une écriture spécifique a été mise au point par les moines bénédictins. Désormais, on peut l’enseigner via l’écriture et la lecture musicales, facilitant son accès à un plus large public.

C’est un instrument universel. Un Brésilien pourrait étudier la kora et s’en servir pour jouer de la samba. Bien sûr, ceux qui souhaitent découvrir la tradition peuvent toujours se former auprès des griots.

— C’est donc cette kora contemporaine que tu vas enseigner à la Maison de l’Afrique à Nantes ?

— Exactement !

Mais ici, tout le monde est le bienvenu, qu’il sache lire la musique ou non. Je m’adapterai en fonction de chaque élève. L’objectif est d’apprendre en jouant, tout en s’initiant progressivement à la lecture et à l’écriture musicale.

La kora contemporaine ne remplace pas la kora traditionnelle. Elle lui apporte simplement plus de confort. Ceux qui veulent jouer du répertoire traditionnel peuvent le faire, tout en bénéficiant des avancées techniques modernes.

— Merci beaucoup François.                                                                                                                                                                        

— De rien !

Propos recueilli par Alexandre GODARD